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A VOS PLUMES ! Un prof menacé à la fac des lettres


Ecrire une histoire avec le plus de son « fu » possible en début de mot : un exercice pas si fastoche que ça…


Un homme sort en furie de la salle dédiée aux enseignants, dans le hall de la fac de lettres. De là où je suis, sur les bancs, je l’observe. Il s’arrête. Je le vois marmonner quelques futilités incompréhensibles et faire demi-tour. Intriguée, je me lève et décide de le suivre. Ce qui n’était que balbutiement me semble tout à coup plus clair et j’entends ce qu’il dit. « Qui, diable, a pu m’écrire cette satanée lettre !? », fustige-t-il en tenant un bout de papier froissé dans les mains. Un fusible dépasse de son sac posé sur ses fines épaules. Je hausse les sourcils. Il semble même que je laisse échapper un hoquet de surprise, parce que voilà que d’un geste fulgurant, il se retourne. On se retrouve maintenant face à face. Le regard fuligineux, il me dévisage. Je ne peux plus fuir. Alors je me dépêche de lui faire un sourire fun et le saluer de manière détendue, pour ne rien laisser paraître. Furtivement, je récupère une enveloppe fuchsia vide qui traîne dans ma pochette futuriste, ornée de pierres précieuses, avant même qu’il ne puisse me poser une question. J’improvise et lui demande s’il sait où se trouve le casier de « Monsieur Fustin » car j’aurais une lettre à déposer. Gêné par ma présence et visiblement toujours furieux, il me répond par un son sec et étouffé : « oui ». Il avance de quelques pas et je le suis. Au fur et à mesure de la situation, je me demande pourquoi j’ai suivi la petite voix dans ma tête un peu plus tôt. A travers la petite fenêtre obstruée par une des armoires, j’entrevois un étudiant jouer au funambule sur la rambarde de l’escalier. Une dame arrive comme une fusée et s’empresse de le réprimander. Je reviens à mes esprits et vois désormais le prof au teint abîmé par le soleil, adossé au mur, perdu dans ses pensées, inquiet. « Tout va bien, Monsieur… ? ». « Fuligule… Monsieur Fuligule ». C’est alors qu’en soupirant, il me raconte l’histoire de la mystérieuse lettre trouvée dans son casier. Cinq minutes plus tard, me voilà telle Futékati, l’héroïne de ma BD d’enfance préférée, à la recherche d’indices. Pendant que je réfléchis, Monsieur Fuligule, lui, a posé ses affaires et furète bruyamment l’intérieur de son casier. Je remarque un futon au sol, non loin des énormes blocs en métal qui servent de boîtes aux lettres aux professeurs. Dans un éclair fugace, il me laisse plantée là. Je ne cherche pas à le rattraper. Sur la fameuse lettre qu’il m’a demandé d’examiner, restée au chaud dans mes mains, je peux lire : « Vos funérailles approchent. Si vous ne voulez pas que je gâche votre projet de fusionmené avec Mme Palo, vous feriez mieux de me rejoindre au coin fumeur à 10h. » Futée, je me mets à déchiffrer les informations, une à une. Mme Palo. Celle qui travaille au SCAN tous les vendredis matin ! Vendredi… On est vendredi ! Le 1eravril, plus précisément. Je regarde ma montre. 10h. Je comprends alors où a fui Monsieur Fuligule. Et avant même que j’ai le temps de bouger, j’aperçois de la fumée sortir de son casier. Qu’est-ce qu’un fumigène peut bien faire entre des flyers pour le Futuroscope et des brochures sur le nouveau projet du funiculaire ? Dehors, des voix s’élèvent. J’entends le professeur, furax. Je sonde du regard l’homme et le vois fulminer auprès d'un jeune étudiant, hilare, qui cru bon de faire cette farce du premier jour d’avril.


Hawa LOCATE, L3 Infocom


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